Rénovation d’une ancienne grange située en centre ancien protégé


Ce bâtiment est le seul de son genre répertorié dans la petite ville de Walcourt. Il est situé au pied des remparts de la cité, à proximité de la rivière dénommée l’Eau d’Heure.

Carte d’identité du projet :

  • Localisation : Walcourt / Province de Namur (B).
  • Période de construction : seconde moitié du 18ème siècle.
  • Typologie : ancienne grange en moellons de calcaire et à toit très pentu.
  • Années de rénovation : 2009 - 2010.
  • Maître d’ouvrage : Christelle et Eric.
  • Auteur de projet : Denis Van Landschoot.
  • Reconnaissance patrimoniale : inscription au patrimoine monumental de la Belgique et située en centre ancien protégé.
  • Programme : transformation d’un immeuble rural en logement unifamilial.

Un patrimoine éco-rénové

Bien que remaniée à de nombreuses reprises, cette grange en pierre a toujours conservé sa vocation rurale. Comme en attestent les cartes postales de l’époque, en 1906, elle était encore complètement isolée. Par la suite, viendront s’y accoler d’autres immeubles. Abandonné depuis les années 80, le bâtiment tombait littéralement en ruines lorsqu’il fut acquis en 1998.

Le nouveau propriétaire souhaitait transformer le lieu en logement tout en respectant à la fois son caractère initial et en le dotant de performances énergétiques modernes. La motivation profonde de ce projet était de réduire au maximum l’impact écologique familial sur l’environnement. Pour cela, l’immeuble idéalement implanté, offrait déjà une multitude d’avantages. Il était situé à proximité de tous les services nécessaires à la vie d’une famille avec enfants : Administrations, écoles, commerces, gare SNCB, lignes de bus, etc. Pour le reste, l’idée était de recourir aux techniques actuelles afin de donner une seconde vie « durable » au bâtiment (apport naturel de chaleur, géothermie, réutilisation des eaux de pluie…).
Outre les aspects techniques liés à la reconversion du bâti, une attention particulière a été portée sur la quantité d’énergie grise mise en œuvre. A cet égard, la plupart des éléments du chantier ont été réutilisés sur place et l’essentiel des entreprises choisies étaient locales.

Le maintien d’un patrimoine

L’attention s’est d’abord portée sur la démolition des multiples annexes qui défiguraient le lieu. Les façades, largement retravaillées au cours du temps par des percements anarchiques, ont été repensées. La baie de porte de grange qui devait impérativement être maintenue afin de conserver la lisibilité des fonctions anciennes s’est avérée un atout puisque son implantation en façade située au sud permettait également de favoriser un bon ensoleillement durant les mois d’hiver et de thésauriser ainsi de la chaleur naturelle. Le rythme des baies de grange en façade principale a été conservé et accentué par l’aménagement de percements résolument contemporains, permettant également d’amplifier l’apport de chaleur et de lumière.

Un soin tout particulier a été apporté à ces transformations puisque le maître d’ouvrage souhaitait que ceux-ci soient le plus harmonieux possible compte tenu de la qualité patrimoniale de l’immeuble. Les cadres métalliques ont été choisis afin de limiter l’impact visuel des encadrements des baies traditionnels et d’accentuer l’effet tranché des maçonneries.
Eric, qui est un participant régulier aux stages dispensés par l’institut du Patrimoine wallon, a veillé scrupuleusement au remontage, à la chaux, des nouvelles maçonneries et ce, dans le respect des techniques anciennes afin de conserver une homogénéité parfaite à l’ensemble des façades.

Une question d’équilibre

Partant d’une enveloppe extérieure fortement dénaturée, les options étaient nombreuses. Le souhait de conserver la lisibilité ancienne de la façade s’est traduit par le maintien de certaines baies d’origine, porte de grange, créneaux de ventilation, et la création de nouvelles ouvertures conservant, en façade avant, le rythme des anciens percements.
Après de multiples échanges entre l’architecte et le maître de l’ouvrage, l’avant-projet fut présenté au fonctionnaire délégué de la Région wallonne ainsi qu’à l’attachée du patrimoine afin de recueillir leurs avis éclairés. Moyennant quelques remarques corrigées lors du dépôt du projet définitif, le dossier recevra le feu vert de la Région wallonne.

Pour l’intérieur du bâtiment, les contraintes données par le propriétaire étaient la mise en valeur des éléments anciens : les maçonneries de pierres rejointoyées et la charpente. L’option retenue fut la création de grands volumes ouverts afin de conserver l’esprit du lieu, initialement entièrement vide et d’un seul tenant.
La seule possibilité de préserver la volumétrie et les parements d’origine de l’immeuble tout en créant une isolation performante était de reconstruire une structure complète à l’intérieur du bâtiment, ce qui en soit ne posait aucun problème compte tenu de l’espace intérieur relativement confortable et de l’absence de structures internes.
Selon le principe de la boîte dans la boîte, une nouvelle structure complètement indépendante a donc été construite en blocs de béton cellulaire. La maçonnerie de moellons est conservée à titre de « simple parement ». Une nouvelle dalle de sol a été posée et les planchers ont été isolés. La nouvelle structure interne reprend l’ensemble des charges et notamment la superbe charpente en chêne datant du 18ème siècle qui fut rénovée par un artisan local. Afin de soulager cette charpente, sur laquelle se fixe un ensemble important de panneaux photovoltaïques, des techniques spéciales ont été employées ainsi que des matériaux de toiture allégés (ardoises du pays).
Un seul regret à formuler : le maitre d’ouvrage se verra refuser arbitrairement la prime à la rénovation de la Région wallonne.

Les améliorations énergétiques

La toiture a été doublement isolée (pans de toitures inclinés au moyen de panneaux autoportants de type Unilin et plancher entre le niveau+1 et les combles). Les efforts consentis en matière énergétique ont permis d’atteindre un niveau K41 tout en conservant un pignon mitoyen en pierres naturelles rejointoyées. A l’avenir, le K global sera amélioré par la création de nouveaux logements dans le bâtiment contigu, permettant ainsi d’atteindre un K 38.
Les menuiseries d’origine ont été remplacées par des châssis en aluminium à coupure thermique munis de double vitrage K 1.1.
Une ventilation double flux avec récupération de chaleur a été installée pour réduire au mieux les déperditions de chaleur et préserver un confort hygiénique essentiel dans le cadre de cette habitation présentant une isolation accrue.
Le chauffage est assuré par une pompe à chaleur de type "sol–sol" assurant un maximum de rentabilité à cet investissement important. Une seconde pompe à chaleur assure le chauffage de l’eau sanitaire. Une installation domotique vient réguler l’ensemble afin de diminuer au mieux les coûts énergétiques de l’habitation.

Par ailleurs, des panneaux photovoltaïques compensent les besoins en électricité des pompes à chaleur. Un soin tout particulier a été réservé à l’implantation des éléments en toiture en veillant à les articuler par rapport aux maçonneries et aux fenêtres de toitures. La plupart des produits mis en œuvre ont été choisis pour leur qualité naturelle ou leur faible empreinte écologique : plâtre Lambert, chaux naturelle, pierre du pays, sables locaux, bloc de béton cellulaire, etc. L’éclairage interne est principalement assuré par des LED et tous les électroménagers de la cuisine ont été choisis pour leur faible consommation en électricité.