Extension contemporaine d’une maison unifamiliale


Certains projets allient une conception intelligente à une esthétique raffinée. C’est exactement le cas de cette extension spectaculaire réalisée par l’architecte Emmanuelle Weiss.


« Au départ, les propriétaires souhaitaient rénover leur maison qui date des années 30, et agrandir le salon, la cuisine et modifier les chambres. Vu la configuration des lieux, ce n’était pas la meilleure idée : malgré les qualités de la maison, les baies vitrées ne sont pas grandes et mal orientées, ce qui aurait rendu l’intérieur de la maison plutôt sombre. »


En voyant le terrain qui jouxte la maison côté sud, Emmanuelle Weiss entrevoit une autre possibilité. « Le terrain en « L » et l’implantation de la maison existante offraient une partie donnant sur la rue, et un peu délaissée. C’était clairement intéressant d’investir cette partie du terrain avec une extension. » La capacité de construire à front de rue joue favorablement : « Non seulement l’espace arrière est préservé, mais le jardin est redessiné et valorisé par une largeur doublée de l’habitation. On passe d’une vue étroite à une vue panoramique. »


Autre avantage du projet « extension » : pas de gêne liée aux travaux dans l’habitation existante. Il est vrai que le bruit, la poussière et les allées et venues des corps de métiers, ce n’est pas le plus confortable dans une famille avec 3 enfants et dont un adulte travaille souvent à domicile. Ici, l’extension a été raccordée à l’habitation existante en fin de chantier.


L’architecte construit une maquette du projet qu’elle imagine. Amateurs d’architecture contemporaine et d’œuvres d’art, le projet parle aux propriétaires. Convaincus immédiatement, ils accordent leur pleine confiance à Emmanuelle. « Un projet réussi, c’est forcément une bonne relation avec le maître d’ouvrage. Ici, l’entente et la confiance étaient mutuelles. Une chance pour mon premier projet en solo. »


Certaines pièces jouent aux vases communicants : la cuisine et le salon rejoignent l’extension, l’ancien salon devient un vaste bureau pour Monsieur. Une adaptation intelligente des espaces selon les caractéristiques architecturales des 2 parties, l’ancienne et la nouvelle. « La cuisine était totalement séparée du séjour. Mais aujourd’hui on vit différemment, avec une cuisine ouverte sur les espaces de réception. D’où l’intérêt de déplacer cette fonction dans la nouvelle partie. »


Les travaux se déroulent sur 13 mois. Le projet est entièrement en maçonnerie traditionnelle, avec une structure poteaux-poutres en béton coulés sur place, dont les espaces sont remplies de blocs isolants de terre cuite, la pose d’un isolant et un parement en brique. La brique choisie est un modèle récent, sans joint, plus longue à poser qu’une brique traditionnelle. L’absence de joint ne permet pas de rattraper des erreurs éventuelles de pose. Il s’agit donc d’être bien plus précis. Ce type de brique nécessite aussi une fixation la solidarisant aux parois, via des cornières attachées aux blocs à intervalles réguliers.

Partie spectaculaire de la façade arrière, une baie vitrée de 10 m de longueur, tel un travelling sur le paysage du jardin, impose une poutre en béton retroussé d’1 m de hauteur. Un élément de structure sur mesure qui permet d’éviter la présence visuelle du linteau à l’intérieur.

C’est bien connu : la performance énergétique passe par une bonne isolation des différentes parois. Le sol reçoit 10 cm de polystyrène, les murs 10 cm de laine de roche. Le toit dont la couverture est une membrane PVC fixée thermiquement, reçoit 20 cm de laine de roche. L’étanchéité à l’air est assurée dans tous les cas par des membranes spécifiques.

L’épaisseur des isolants a été décidée en fonction d’un calcul global de déperdition thermique. Celui-ci tient compte de l’apport solaire durant l’entièreté de la journée et des performances des vitrages, en alu double vitrage à coupure thermique. A propos de la course du soleil, le projet accorde une large part au critère bioclimatique avec peu d’ouvertures au nord, et des baies vitrées sur les autres parois. Les deux parties de l’habitation, l’ancienne et la nouvelle s’adaptent tout au long de la journée à la course de la lumière et se complètent : le soleil est davantage présent en début de journée dans l’ancienne partie et c’est l’inverse au fil de l’avancement des heures. La cuisine est orientée à l’est pour profiter de l’ensoleillement du matin, le séjour lui est orienté à l’ouest, et une grand baie vitrée placée en hauteur au sud amène une profusion de lumière à l’espace. Une caractéristique qui plaît beaucoup aux propriétaires qui ont le réel sentiment de vivre avec la lumière. Pas de problème au niveau de la surchauffe, avec la présence de 3 puits de lumière au sein de l’extension, qui canalisent à la fois les jeux de lumière et la chaleur.

Le sentiment de confort est également présent à la mauvaise saison, les propriétaires n’ayant pas encore rallumé le chauffage au mois de novembre. En cas de coup de froid, le chauffage est un système par le sol au rez-de-chaussée et 2 radiateurs sont présents à l’étage mais non jamais été allumés.

Le projet est une preuve de qualité architecturale et de bon sens. Le retour des propriétaires est très positif à la fois sur le confort ressenti mais aussi sur l’ambiance de musée privé dégagé par leur lieu de vie. Parfait pour des amateurs d’art.


Type de bâtiment : Habitat individuel
Localité : Seclin (France)
Surface du bâtiment : 110 m² (extension)
Date de construction initiale : 2012
Date de rénovation : 2011 – 2012

Architecte :
Emmanuelle Weiss
Entreprise(s) ayant collaboré au projet :
SCODELLER (gros œuvre)
PIRLET (toiture)
CONSTRU (menuiseries extérieures)

Isolants utilisés et épaisseur :
Toit : laine de roche 20 cm
Murs : laine de roche 10 cm
Plancher : 10 cm de polystyrène

CORYRIGHT PHOTO : Julien Lanoo

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